A peine avaient-ils quitté la place, que je crus remarquer sur la muraille un phénomène géologique très-surprenant. Le bombardement cessa le l" septembre à huit heures du matin, mais on continuait à échanger des boulets. Je vis bien loin derrière la foule dispersée le boulet ricocher encore à travers quelques haies. Vers midi,la ville fut sommée une seconde fois: Nous en profitâmes aussi pour nous établir un peu plus commodément, nous approvisionner, et parcourir la contrée. Peu de temps après, on entendit une forte explosion dans le camp autrichien, au pied de la colline que nous pouvions voir du nôtre.

Les détonations et la fumée se répétèrent quelquefois. Dès le matin, je montai à cheval avec quelques amis pour visiter la ville. On fit préparer des boîtes. Dejoyeuses et résolues jeunes filles nous servirent, comme elles avaient servi, les jours précédents, leur garnison. Cependant la prise de possession de Verdun fut troublée par un cas unique, il est vrai, mais qui produisit une grande sensation et inspira une sympathie générale. Comme les Prussiens entraient, il partit de la foule du peuple un coup de fusil qui ne blessa personne.

Un grenadier français ne put ni ne voulut nier cet acte téméraire. En attendant que son sort fût décidé, on le laissa en liberté.

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Près du corps de garde était un pont, sous lequel passait un bras de la Meuse: Il en fut retiré mort. On songea aussi à deplus solides jouissances. Voici comment se passa ce pillage pacifique. Une craignait nullement les regards des curieux, et, incertain de son sort, il paraissait tout à fait tranquille. On parlait beaucoup des Islettes, passage important entre Verdun et Sainte-Menehould. Le quartier général du roi était à Glorieux, celui de Brunswick à Regrets, et ces noms donnaient lieu à de singulières observations.

Le régiment de Weimar devait camper à Jardin-Fontaine, près de la ville et de la Meuse. Mais là encore je demandai, inutilement où se trouvait Jardin-Fontaine. Enfin je rencontrai, comme un envoyé du ciel, M. On souffrit cela quelque temps, mais enfin on résolut de se loger dans le village. Nous trouvâmes dans une maison bien montée un malicieux bonhomme, qui avait été cuisinier en Allemagne. Il nous fit un joyeux accueil. La suite du duc de Weimar était nourrie de sa cuisine. Cependant notre hôte me pressa de goûter une fois quelque chose de sa façon.

Toutefois, après quelques paroles échangées, le bonhomme finit par lui dire: Après quelques jours de repos, il nous fallut de nouveau braver une affreuse température. Après de grandes fatigues, nous arrivâmes à Malancourt, où nous trouvâmes les caves vides et les cuisines sans hôtes: Et nous avions troublé ce bonheur 1 Nous allions le troubler encore!

Nous y courûmes et nous parvînmes, non sans danger, à faire cesser pour le moment ces désordres. Mais nous devions essuyer un reproche encore plus singulier. Retournés dans noire premier cantonnement, nous y trouvâmes un noble émigré de notre connaissance. Alors nous apprlmes. Le lendemain, en considération de si grands exemples, je résolus de laisser sous la garde du camérierJ Wagner, qui était un homme sûr, ma voiture légère et pourtant attelée de quatre chevaux de réquisition. Je montai à cheval avec quelques bons compagnons "et nous prîmes le chemin de Landres.


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Nous atteignîmes heureusement le camp vers le soir. Nous étions ainsi établis non loin de Landres, en face de Grandpré, mais nous savions que le passage était fortement et avantageusement occupé. Le trésorier particulier du prince.

Je dictais à Vogel, qui se montra encore ici un fidèle secrétaire, des notes éparses, puis je dessinais à côté les figures. Je rencontrai le major de Weyrach, qui, par impatience et par ennui, allait justement monter à cheval et se rendre aux avant-postes. Mais le quatrième, qui était probablement le premier, fit feu sur nous.

Nous entendîmes siffler la balle. Il crut peut-êlre lire dans mes regards quelque sympathie, car il vint à moi et medit: Les chasseurs disparurent et cessèrent leur feu. Peu à peu la situation devenait plus claire. La position de Dumouriez à Grandpré était très-forte et très-favorable. Mais ce qui me surprit le plus, ce fut un Moniteur assez récent. Pendant cette marche, je fus amené par le hasard dans la suite du. Ces groupes de cavaliers peuplaient agréablement le paysage.

On aurait souhaité un Van der Meulen pour immortaliser cette marche.


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Tout le monde était joyeux, animé, confiant, héroïque. Quelques villages brûlaient, il est vrai, devant nous, mais la fumée ne fait pas mal non plus dans un tableau de guerre. En revanche, nous prîmes sous notre protection les vignes, dont les propriétaires ne durent pas se promettre une riche récolte.

Nous étions entrés par un temps détestable dans une triste contrée, dont le sol ingrat nourrissait à peine quelques villages clair-semés.

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On se nourrissait en chemin de ces graves pensées, tout en prenant une joyeuse part aux incidents et aux événemenls de tout genre. Un singulier phénomène attira toule mon attention. A midi, un rayon de soleil parut et se refléta sur toutes les armes. Mille et mille baïonnettes, brillant pêle-mêle, produisaient le plus vif mouvement.

La nuit vint: En chevauchant à côté de la colonne, on rencontrait souvent des officiers de connaissance, qui allaient et venaient pour accélérer ou ralentir la marche. Le Roi était descendu dans une auberge devant la porte de laquelle le duc de Brunswick établit le quartier général et les bureaux sous une sorte de berceau. Je proposai à mon ami de descendre avec moi la longue rue. Nous les saluons comme des camarades, et nous nous plaignons de la disette générale. Après avoir échangé quelques propos, ils nous demandent le secret: Je leur offris aussitôt de la partager avec eux.

Nos cris de surprise, la joie du revoir et nos souvenirs égayèrent ce moment sérieux. Il faisait grand jour quand on se mit en mouvement. La pluie nous fouettait le visage. Mais bientôt nous nous trouvâmes dans une étrange position: Mais, lorsque ensuite on voyait de ses yeux quels efforts inouïs il fallait faire pour trainer ces batteries volantes à travers ces effroyables collines fangeuses, on avait un nouveau sujet de réfléchir sur la situation critique dans laquelle nous nous étions engagés.

Cependant la canonnade continuait.

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Kellermann occupait près du moulin de Valmy un poste dangereux, contre lequel notre feu était surtout dirigé. Situation bien alarmante pour un homme qui depuis quatre semaines étudiait incessamment une bonne carte du théâtre de la guerre. Toutefois le besoin du moment maintient son droit, même en présence de la nécessité la plus prochaine. Les hussards me laissèrent pour quelque argent un peu de ce pain. Les Français ont horreur du pain noir.

Il jugea ce marché très-avantageux: De mon côté, je devais aussi être satisfait: On tira ce jour-là dix mille coups de chaque côté.